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Patrice et son camping-car, coiffeur pour hommes itinérant

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A Saint-Genis-Pouilly (Ain), sur un vieux parking de magasin laissé à l’abandon, un étonnant véhicule attire le regard des curieux. C’est ici, tous les jeudis, que Patrice Ghillard, 62 ans, gare son camping-car en quête de clients, comme le font les vendeurs ambulants de pizza des environs. Son truc à lui, c’est la coiffure. Acheté en 2008 pour se promener et partir en vacances, le bahut a été entièrement aménagé en salon ambulant. Tout y est, rien ne manque : fauteuil, miroirs, plafonniers et posters de mannequins aux coupes impeccables. Le tout dans moins de 10 mètres carrés.

Patrice Ghillard devant son salon de coiffure sur roues. (Photo Joseph Gobin/Le Monde Académie)

"Ce n’est pas quand vous êtes chômeur et au RSA que vous pouvez conserver un camping-car, raconte-t-il. Le vendre m’aurait embêté, et retrouver du boulot à mon âge, c’est très dur. Alors…" Alors Patrice a transformé son encombrant véhicule en outil et lieu de travail. Au commencement, se souvient-il, son entourage lui prédisait un échec. Bien que ses 27 années passées en tant que coiffeur dans un salon de la commune lui garantissaient de fidéliser quelques habitués, les débuts ne furent en effet pas simples : "Je me rappelle que je passais des fois des journées entières sans voir personne." A force de persévérance, sa clientèle s’est accrue petit à petit. Il lui arrive maintenant parfois d’effectuer douze coupes en une journée.

Chez Patrice, la coupe simple coûte 16 euros. Avec shampoing : 19 euros. Photo Joseph Gobin/Le Monde Académie)

Coiffeur itinérant, Patrice ne l’est que depuis trois ans. Bien avant cela, il a tenu son propre salon, ainsi qu’une boutique de pêche, dans le Jura. Les dettes et la faillite l’avaient alors forcé à mettre la clef sous la porte. Repris comme salarié dans un salon de Saint-Genis-Pouilly où il avait autrefois travaillé, il se retrouve de nouveau au chômage en 2009 lorsque la boutique ferme à son tour. A présent auto-entrepreneur, il se dit "content" de son sort : "Je ne gagne pas des sommes et des sommes, mais je vis avec quand même. C’est déjà pas mal", explique ce "pur" coiffeur pour hommes. "J’aime bien les dames, mais pas les coiffer, dit-il franchement. Et puis, je suis coupeur avant tout. J’aime bien couper les cheveux. Faire des frisettes, c’est pas mon truc".

Des cinq communes du Pays de Gex où il travaille, aucune ne lui demande de frais d’emplacement. A Crozet, la mairie lui fournit même l’électricité, ce qui lui évite d’avoir à utiliser son groupe électrogène.  Les 150 litres de son réservoir d’eau lui permettent de faire des shampoings, mais de manière limitée : "Je demande 3 euros de plus au client, et ça me prend un temps monstre." Pour compenser les coupes sèches, une lotion est offerte lors de chaque coupe - "comme chez les vieux coiffeurs d’antan".

(Photo Joseph Gobin/Le Monde Académie)

Pour Patrice, l’espace restreint que représente le camping-car changerait également la relation avec le client. Souvent, les discussions ne sont pas les mêmes que dans les grands salons de coiffure : "Des fois, tu te sens mal dans un petit local comme ça. C’est là que le gars te dit qu’il a un cancer..."

D’après Patrice, l’avenir de son affaire dépendra de son état de santé et de la fidélité des clients : "Peut- être qu’un jour ils en auront marre de venir dans un camping-car…" Peut-être pas non plus…

(Photo Joseph Gobin/Le Monde Académie)

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A lire également : La coiffeuse, l'auto-entrepreneuse et le salon sauvé de la faillite

 


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